Moins iconique que ses pairs
Hugo Lloris a rarement été cité parmi les meilleurs de l’histoire à son poste. Classé trois fois au Ballon d’or (2016, 2018 et 2019), il n’a jamais fait mieux que 20eme. Là où des Casillas (7e en 2010, 9e en 2011, 6e en 2012), Buffon (16e en 2012, 9e en 2016, 4e en 2017), Neuer (19e en 2012, 23e en 2013, 3e en 2014, 7e en 2015, 20e en 2016) Courtois (20e en 2014, 14e en 2018, 7e en 2022), De Gea (20e en 2017), Alisson (25e en 2018, 7e en 2019) et même Donnarumma (10e en 2021) ont été mieux représentés. On s’accordera sur le fait qu’Iker Casillas, Gigi Buffon et Manuel Neuer, qui cumulent 9 finales dont 4 victoires en Ligue des champions, sont des icônes du poste au XXIe siècle. Un statut dont Hugo Lloris ne s’est jamais rapproché, lui qui ne compte qu’une finale perdue en 2019. Il a même manqué les éditions 2013, 2014, 2015, 2016, 2021 et 2022. Sa carrière a souffert d’une mauvaise exposition en club, mais jusqu’à quel niveau s’est-il élevé en sélection, par rapport à ses confrères ?
La progression jusqu’à la consécration
Initié aux compétitions internationales en 2010, Hugo Lloris a traversé le marasme de Knysna à l’âge de 23 ans. En fin d’année, Lloris porte son premier brassard contre l’Angleterre, pour rapidement le garder. Homme fort de Laurent Blanc et de Didier Deschamps, il signe quelques performances mémorables lors du Mondial 2014 et de l’Euro 2016, ou un arrêt contre l’Irlande empêche les Bleus d’etre menés 2-0 en huitièmes de finale. Sa demi-finale contre l’Allemagne de Neuer reste dans les mémoires, avec des parades spectaculaires devant Can, Schweinsteiger et Muller qui permettent aux Bleus d’accéder à leur première finale depuis 10 ans. Le Mondial 2018 reste sa référence, avec un premier arrêt décisif lors du 1er match contre l’Australie, devant Tolisso qui allait ouvrir la marque contre son camp. Puis en quarts de finale contre l’Uruguay, où son arrêt à 1-0 sur la tête de Caceres restera peut être le plus bel arrêt du tournoi. Bis repetita contre la Belgique en demie, où ses parades devant Alderweireld et Witsel ont été vitales. De sa finale, on se remémore la boulette qui permet à la Croatie de revenir à 2-4, mais moins de sa parade à 2-1 qui empêche une frappe lourde de Rebic d’égaliser pour les Croates. Si Hugo Lloris est vu comme le meilleur gardien de ce Mondial 2018, les déboires de Tottenham et des Bleus à l’Euro 2021 ont fait tomber sa carrière dans l’oubli, par rapport à ses compères au poste.
De “point faible” à héros
Alors voilà, Hugo Lloris faisait encore l’objet des doutes et des critiques au début du Mondial 2022. Comme à chaque fois qu’il était coupable d’une ou deux boulettes et que certains réclamaient sa tête au profit de Steve Mandanda. L’émergence de Mike Maignan avec le Milan AC remettait même le poste de Lloris en question, jusqu’à ce que le Milanais se blesse avant la compétition. Le Mondial débuta, et Lloris répondit présent, comme toujours. Peu en vue en phase de poule, il fut désigné comme le point faible des Bleus par la presse anglaise, qui indiquait Jordan Pickford comme le meilleur gardien de la confrontation. Ses interventions devant Kane (deux fois), Bellingham furent brillantes, et sa présence charismatique se faisait enfin reconnaître sur le terrain, jusqu’à peut-être obliger Harry Kane à envoyer la balle du 2-2 dans les nuages sur penalty. Sa demi-finale face au Maroc force aussi l’admiration, avec cette extension sur cette tête qu’il sort juste devant son poteau.
Les performances d’Hugo Lloris en équipe de France dépassent peut-être celles de tous les gardiens en sélection au XXIe siècle, n’en déplaise aux détracteurs qui n’ont jamais vu une “icône” du poste chez le gardien des Bleus. Mais la carrière du Niçois a démarré au plus bas en Bleu, et elle peut se terminer comme aucun autre gardien, ni capitaine, et comme très peu de footballeurs en général, ne l’ont jamais fait. S’il gagne dimanche contre l’Argentine de Lionel Messi, Hugo Lloris entrera comme jamais dans l’histoire des gardiens de but et de la Coupe du monde. Alors, comment le reconsidérer … ?